Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/173

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nous ne l’avions pas décidé encore, et nous trouvions à cette incertitude un plaisir si vif et si nouveau, que nous feignions, pour ainsi dire, de ne pouvoir nous fixer sur rien. Durant ces recherches, nos fronts se touchaient, mon bras entourait la taille de Brigitte. « Où irons-nous ? que ferons-nous ? où commencera la vie nouvelle ? » Comment dirai-je ce que j’éprouvais, lorsque au milieu de tant d’espérances je relevais la tête par moment ? Quel repentir me pénétrait à la vue de ce beau et tranquille visage qui souriait à l’avenir, pâle encore des douleurs du passé ! Lorsque je la tenais ainsi et que son doigt errait sur la carte, tandis qu’elle parlait à voix basse de ses affaires qu’elle disposait, de ses désirs, de notre retraite future, j’aurais donné mon sang pour elle. Projets de bonheur, vous êtes peut-être le seul bonheur véritable ici-bas !

Il y avait huit jours environ que notre