Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/174

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temps se passait en courses et en emplettes, lorsqu’un jeune homme se présenta chez nous ; il apportait des lettres à Brigitte. Après l’entretien qu’il eut avec elle, je la trouvai triste et abattue ; mais je n’en pus savoir autre chose sinon que les lettres étaient de N***, cette même ville où, pour la première fois, j’avais parlé de mon amour, et où demeuraient les seuls parents que Brigitte eût encore.

Cependant nos préparatifs se faisaient rapidement, et il n’y avait place dans mon cœur que pour l’impatience du départ ; en même temps la joie que j’éprouvais me laissait à peine un instant de repos. Quand je me levais le matin et que le soleil éclairait nos croisées, je me sentais de tels transports que j’en étais comme enivré ; j’entrais alors sur la pointe du pied dans la chambre où dormait Brigitte. Elle me trouva plus d’une fois, en s’éveillant, à genoux au pied de