Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/183

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si elle souffre, elle me dit que non d’une voix éteinte ; quand je lui parle du jour du départ, elle se lève, froide et résignée, et continue ses préparatifs ; quand je lui jure qu’elle va être heureuse et que je veux lui consacrer ma vie, elle s’enferme pour pleurer ; quand je l’embrasse, elle devient pâle et détourne les yeux en me tendant les lèvres ; quand je lui dis que rien n’est encore fait, qu’elle peut renoncer à nos projets, elle fronce le sourcil d’un air dur et farouche ; quand je la supplie de m’ouvrir son cœur, quand je lui répète que, dussé-je en mourir, je sacrifierai mon bonheur s’il doit jamais lui coûter un regret, elle se jette à mon cou, puis s’arrête, et me repousse comme involontairement. Enfin j’entre un jour dans sa chambre, tenant à la main un billet où nos places sont marquées pour la voiture de Besançon. Je m’approche d’elle, je le pose