Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/187

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ou de la perte de quelque ami, pourquoi ce silence obstiné ? Après tout ce qu’avait fait Brigitte, dans un moment où nos rêves les plus chers paraissaient près de se réaliser, de quelle nature pouvait être un secret qui détruisait notre bonheur et qu’elle refusait de me confier ? Quoi ! c’est de moi qu’elle se cache ? Que ses chagrins, que ses affaires, la crainte même de l’avenir, je ne sais quel motif de tristesse, d’incertitude ou de colère, la retiennent ici quelque temps ou la fassent renoncer pour toujours à ce voyage si désiré, par quelle raison ne pas s’ouvrir à moi ? Dans l’état où se trouvait mon cœur, je ne pouvais cependant supposer qu’il y eût là rien de blâmable. L’apparence seule d’un soupçon me révoltait et me faisait horreur. Comment, d’autre part, croire à de l’inconstance ou à du caprice seulement dans cette femme telle que je la connaissais ? Je me perdais dans un abîme, et ne voyais pas même