Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/193

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La profonde tristesse de Brigitte me fit réfléchir et calma ma colère. « Vous ferez, me dit-elle, ce que vous voudrez, et vous achèverez de me perdre. Aussi bien mon sort est entre vos mains, et il y a longtemps que vous en êtes le maître. Tirez telle vengeance qu’il vous plaira du dernier effort que mes vieux amis font pour me rappeler à la raison, au monde que je respectais jadis, et à l’honneur que j’ai perdu. Je n’ai pas un mot à vous dire, et, si vous voulez même me dicter ma réponse, je la ferai telle que vous le souhaiterez.

— Je ne souhaite rien, répondis-je, que de connaître vos intentions ; c’est à moi au contraire de m’y conformer, et, je vous le jure, j’y suis prêt. Dites-moi si vous restez ou si vous partez, ou s’il faut que je parte seul.

— Pourquoi cette question ? demanda Brigitte ; vous ai-je dit que j’eusse changé d’avis ? Je souffre et ne puis partir ainsi ; mais, dès