Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/192

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de partir avec moi, et même comme un ordre de m’éloigner d’elle pour toujours.

Elle me montra avec répugnance une des lettres qu’elle tenait. Ses parents lui écrivaient que son départ la déshonorait à jamais, que personne n’en ignorait la cause, et qu’ils se croyaient obligés de lui déclarer par avance quels en seraient les résultats ; qu’elle vivait publiquement comme ma maîtresse, et que, bien qu’elle fût libre et veuve, elle avait encore à répondre du nom qu’elle portait ; que ni eux ni aucun de ses anciens amis ne la reverraient si elle persistait ; enfin par toutes sortes de menaces et de conseils ils l’engageaient à revenir au pays.

Le ton de cette lettre m’indigna, et je n’y vis d’abord qu’une injure. « Et ce jeune homme qui vous apporte ces remontrances, m’écriai-je, sans doute il s’est chargé de vous en faire de vive voix, et il n’y manque pas, n’est-il pas vrai ? »