Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/198

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Qu’on en pense ce qu’on voudra ; il y a de tels hasards dans la vie que la raison de l’homme ne saurait s’expliquer. Je m’assis sans pouvoir répondre, et, comme si je me fusse éveillé d’un rêve, je me répétai à moi-même la question qu’il m’adressait. Que venais-je faire en effet chez lui ? Comment lui dire ce qui m’amenait ? En supposant qu’il pût m’être utile de l’interroger, comment savoir s’il voudrait parler ? Il avait apporté des lettres et connaissait ceux qui les avaient écrites ; mais n’en savais-je pas aussi long que lui après ce que Brigitte venait de me montrer ? Il m’en coûtait de lui faire des questions, et je craignais qu’il ne soupçonnât ce qui se passait dans mon cœur. Les premiers mots que nous échangeâmes furent polis et insignifiants. Je le remerciai de s’être chargé des commissions de la famille de madame Pierson ; je lui dis qu’en quittant la France nous le prierions à notre tour de nous rendre quelques