Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/211

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Les larmes que j’avais vu répandre à ce jeune homme, sa maladie arrivée précisément en même temps que celle de ma maîtresse, je ne sais quelle sympathie mélancolique qu’il me semblait découvrir entre eux, me troublaient et m’inquiétaient. Il n’y avait pas un mois que, sur de moindres soupçons, j’aurais eu des transports de jalousie ; mais maintenant de quoi soupçonner Brigitte ? Quel que fût le secret qu’elle me cachait, n’allait-elle pas partir avec moi ? quand bien même il eût été possible que Smith fût dans la confidence de quelque mystère que j’ignorais, de quelle nature pouvait être ce mystère ? Que pouvait-il y avoir de blâmable dans leur tristesse et dans leur amitié ? Elle l’avait connu enfant ; elle le revoyait après de longues années, au moment de quitter la France ; elle se trouvait dans une situation malheureuse, et le hasard voulait qu’il en fût instruit, qu’il eût