Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/218

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d’elle ; je ne pensais ni à les observer ni à les surprendre ; je ne me rendais compte de rien. Je me disais : « Elle est bien belle, et ce pauvre Smith est un honnête garçon ; ils ont tous deux un grand chagrin, et moi aussi. » Cela me brisait le cœur, et en même temps me soulageait.

Nous avions trouvé en rouvrant nos malles qu’il y manquait encore quelques bagatelles ; Smith s’était chargé d’y pourvoir. Il avait une activité infatigable, et on l’obligeait, disait-il, quand on lui confiait le soin de quelques commissions. Comme je revenais un jour au logis, je le vis à terre, fermant un porte-manteau. Brigitte était devant un clavecin que nous avions loué à la semaine pour notre séjour à Paris. Elle jouait un de ces anciens airs où elle mettait tant d’expression et qui m’avaient été si chers. Je m’arrêtai dans l’antichambre près de la porte qui était ouverte ; chaque note m’entrait