Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/217

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mère s’y opposait, mais qu’il tiendrait bon malgré elle ; qu’un jeune homme devait vivre de ses mains, tandis que l’existence d’une fille se décidait le jour de son contrat. Ainsi peu à peu il nous déroulait toute sa vie et toute son âme, et je regardais Brigitte l’écouter. Puis, quand il se levait pour se retirer, je l’accompagnais à la porte, et j’y restais pensif, immobile, jusqu’à ce que le bruit de ses pas se fût perdu dans l’escalier.

Je rentrais alors dans la chambre, et je trouvais Brigitte se disposant à se déshabiller. Je contemplais avidement ce corps charmant, ces trésors de beauté, que tant de fois j’avais possédés. Je la regardais peigner ses longs cheveux, nouer son mouchoir, et se détourner lorsque sa robe glissait à terre, comme une Diane qui entre au bain. Elle se mettait au lit ; je courais au mien ; il ne pouvait me venir à l’esprit que Brigitte me trompât ni que Smith fût amoureux