Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/221

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large chapeau de paille, était assise au pied d’un arbre, et un garçon de ferme debout devant elle semblait lui montrer, un bâton ferré à la main, la route qu’il avait parcourue ; il indiquait un sentier tortueux qui se perdait dans la montagne. Au-dessus d’eux paraissaient les Alpes, et le tableau était couronné par trois sommets couverts de neige, teints des nuances du soleil couchant. Rien n’était plus simple, et en même temps rien n’était plus beau que ce paysage. La vallée ressemblait à un lac de verdure, et l’œil en suivait les contours avec la plus parfaite tranquillité.

« Irons-nous là ? » dis-je à Brigitte. Je pris un crayon et traçai quelques traits sur l’estampe.

« Que faites-vous ? demanda-t-elle.

— Je cherche, lui dis-je, si, avec un peu d’adresse, il faudrait changer beaucoup cette figure pour qu’elle vous ressemblât. La jolie coiffure de cette jeune fille vous irait, je crois,