Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/222

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à merveille ; et ne pourrais-je pas, si je réussissais, donner à ce brave montagnard quelque ressemblance avec moi ? »

Ce caprice parut lui plaire, et, s’emparant aussitôt d’un grattoir, elle eût bientôt effacé sur la feuille le visage du garçon et celui de la fille. Me voilà faisant son portrait, et elle voulut essayer le mien. Les figures étaient très petites, en sorte que nous ne fûmes pas difficiles ; il fut convenu que les portraits étaient frappants, et il suffisait en effet qu’on y cherchât nos traits pour les y retrouver. Lorsque nous en eûmes ri, le livre resta ouvert, et le domestique m’ayant appelé pour quelque affaire, je sortis quelques instants après.

Lorsque je rentrai, Smith était appuyé sur la table et regardait l’estampe avec tant d’attention qu’il ne s’aperçut pas que je fusse revenu. Il était absorbé dans une rêverie profonde ; je repris ma place auprès du feu, et ce ne fut qu’à la première parole que j’adressai