Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une coulisse. Qui plus qu’eux est habitué à cette recherche du fond des choses, et, si l’on peut ainsi parler, à ces tâtements profonds et impies ? Voyez comme ils parlent de tout. Toujours les termes les plus crus, les plus grossiers, les plus abjects ; ceux-là seulement leur paraissent vrais ; tout le reste n’est que parade, convention et préjugés. Qu’ils racontent une anecdote, qu’ils rendent compte de ce qu’ils ont éprouvé ; toujours le mot sale et physique, toujours la lettre, toujours la mort. Ils ne disent pas : « Cette femme m’a aimé » ; ils disent : « J’ai eu cette femme » ; ils ne disent pas : « J’aime » ; ils disent : « J’ai envie » ; ils ne disent jamais : « Dieu le veuille ! » ils disent partout : « Si je voulais ! » Je ne sais ce qu’ils pensent d’eux-mêmes, et quels monologues ils font.

De là, inévitablement, ou la paresse ou la curiosité ; car pendant qu’ils s’exercent ainsi à voir en tout ce qu’il y a de pire, ils n’en