Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

entendent pas moins les autres continuer de croire au bien. Il faut donc qu’ils soient nonchalants jusqu’à se boucher les oreilles, ou que ce bruit du reste du monde les vienne éveiller en sursaut. Le père laisse aller son fils où vont tant d’autres, où allait Caton lui-même ; il dit que jeunesse se passe. Mais en rentrant le fils regarde sa sœur ; et voyez ce qu’a produit en lui une heure passée en tête à tête avec la brute réalité ! il faut qu’il se dise : « Ma sœur n’a rien de semblable à la créature que je quitte. » Et de ce jour le voilà inquiet.

La curiosité du mal est une maladie infâme qui naît de tout contact impur. C’est l’instinct rôdeur des fantômes qui lève la pierre des tombeaux ; c’est une torture inexplicable dont Dieu punit ceux qui ont failli ; ils voudraient croire que tout peut faillir, et ils en seraient peut-être désolés. Mais ils s’enquêtent, ils cherchent, disputent ; ils