Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/246

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n’écoutais dans l’ombre que le battement de mon pouls fiévreux ; rebattre sans fin ces phrases plates qui courent partout : « La vie est un songe, il n’y a rien de stable ici-bas » ; maudire, enfin blasphémer Dieu en moi, par ma misère et mon caprice, voilà quelle était ma jouissance, la chère occupation pour laquelle je renonçais à l’amour, à l’air du ciel, à la liberté !

Éternel Dieu, la liberté ! oui, il y avait de certains moments où, malgré tout, j’y pensais encore. Au milieu de tant de démence, de bizarrerie et de stupidité, il y avait en moi des bondissements qui m’enlevaient tout à coup à moi-même. C’était une bouffée d’air qui me frappait le visage quand je sortais de mon cachot ; c’était une page d’un livre que je lisais, quand toutefois il m’arrivait d’en prendre d’autres que ceux de ces sycophantes modernes qu’on appelle des pamphlétaires, et à qui on devrait défendre, par simple