Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/245

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venir à moi en me tendant la main. Tantôt, quand j’étais seul la nuit et que tout dormait dans la maison, je me sentais la tentation d’aller au secrétaire de Brigitte, et de lui enlever ses papiers. Je fus obligé une fois de sortir pour y résister. Que puis-je dire ? je voulais un jour les menacer, un couteau à la main, de les tuer s’ils ne me disaient par quelle raison ils étaient si tristes ; un autre jour, c’était contre moi que je voulais tourner ma fureur. Avec quelle honte je l’écris ! Et qui m’aurait demandé au fond ce qui me faisait agir ainsi, je n’aurais su que lui répondre.

Voir, savoir, douter, fureter, m’inquiéter et me rendre misérable, passer les jours l’oreille au guet et la nuit me noyer de larmes, me répéter que j’en mourrais de douleur et croire que j’en avais sujet, sentir l’isolement et la faiblesse déraciner l’espoir dans mon cœur, m’imaginer que j’épiais, tandis que je