Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/259

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— Comme vous voudrez ; mais soyez franche. Quel que soit le coup que je reçoive, je ne dois pas même demander d’où il vient ; je m’y soumettrai sans murmure. Mais si je dois vous perdre jamais, ne me rendez pas l’espérance, car, Dieu le sait ! je n’y survivrais pas. »

Elle se retourna précipitamment. « Parlez-moi, dit-elle, de votre amour, ne me parlez pas de votre douleur.

— Eh bien ! je t’aime plus que ma vie. Auprès de mon amour, ma douleur n’est qu’un rêve. Viens avec moi au bout du monde : ou je mourrai, ou je vivrai par toi. »

En prononçant ces mots je fis un pas vers elle, et je la vis pâlir et reculer. Elle faisait un vain effort pour forcer à sourire ses lèvres contractées, et, se baissant sur le secrétaire : « Un instant, dit-elle, un instant encore ; j’ai quelques papiers à brûler. Elle me montra les lettres de N***, les déchira et