Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/258

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Elle lui tendit la main. Il s’inclina, la porta à ses lèvres, et je n’eus que le temps de me jeter en arrière dans l’obscurité. Il passa sans me voir et sortit.

Demeuré seul avec Brigitte, je me sentis le cœur désolé. Elle m’attendait, son manteau sous le bras, et l’émotion qu’elle éprouvait était trop claire pour s’y méprendre. Elle avait trouvé la clef qu’elle cherchait, et son secrétaire était ouvert. Je retournai m’asseoir près de la cheminée.

« Écoutez, lui dis-je sans oser la regarder ; j’ai été si coupable envers vous que je dois attendre et souffrir sans avoir le droit de me plaindre. Le changement qui s’est fait en vous m’a jeté dans un tel désespoir que je n’ai pu m’empêcher de vous en demander la raison ; mais aujourd’hui je ne vous la demande plus. Vous en coûte-t-il de partir ? dites-le-moi ; je me résignerai.

— Partons, partons ! répondit-elle.