Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/271

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que lui-même il est lassé de son amour. Cette scène bizarre que j’avais lue trop jeune m’avait frappé comme un tour d’adresse, et le souvenir que j’en avais gardé me fit sourire en ce moment. « Qui sait ? me dis-je ; si j’en faisais autant, Brigitte s’y tromperait peut-être, et m’apprendrait quel est son secret. »

D’une colère furieuse, je passai tout à coup à des idées de ruse et de rouerie. Était-il donc si difficile de faire parler une femme malgré elle ? cette femme était ma maîtresse ; j’étais bien faible si je n’y parvenais. Je me renversai sur le sofa d’un air libre et indifférent. « Eh bien ! ma chère, dis-je gaîment, nous ne sommes donc pas au jour des confidences ? »

Elle me regarda d’un air étonné.

« Eh, mon Dieu ! oui, continuai-je, il faut pourtant qu’un jour ou l’autre nous en venions à nos vérités.

Tenez, pour vous donner l’exemple, j’ai quelque envie de commencer ; cela vous rendra confiante, et il n’y