Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/272

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a rien de tel que de s’entendre entre amis. »

Sans doute qu’en parlant ainsi mon visage me trahissait ; Brigitte ne semblait pas m’entendre et continuait de se promener.

« Savez-vous bien, lui dis-je, qu’après tout voilà six mois que nous sommes ensemble ? Le genre de vie que nous menons n’a rien qui ressemble à ce dont on peut rire. Vous êtes jeune, je le suis aussi ; s’il arrivait que le tête-à-tête cessât d’être de votre goût, seriez-vous femme à me le dire ? En vérité, si cela était, je vous l’avouerais franchement. Et pourquoi pas ? est-ce un crime d’aimer ? ce ne peut donc pas être un crime de moins aimer, ou de n’aimer plus. Qu’y aurait-il d’étonnant qu’à notre âge on eût besoin de changement ? »

Elle s’arrêta. « À notre âge ! dit-elle. Est-ce que c’est à moi que vous vous adressez ? Quelle comédie jouez-vous aussi ? »

Le sang me monta au visage. Je lui