Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Écoutez-moi, dit-elle avec effort. J’ai beaucoup souffert, et je prends le ciel à témoin que je donnerais ma vie pour vous. Tant qu’il me restera au monde la plus faible lueur d’espérance, je serai prête à souffrir encore ; mais quand je devrais exciter de nouveau votre colère en vous disant que je suis femme, je le suis pourtant, mon ami. Il ne faut pas aller trop avant, ni plus loin que la force humaine. Je ne répondrai jamais là-dessus. Tout ce que je puis en cet instant, c’est de me mettre une dernière fois à genoux et de vous supplier encore de partir. »

Elle s’inclina en disant ces mots. Je me levai.

« Bien insensé, dis-je avec amertume, bien insensé qui, une fois dans sa vie, veut obtenir la vérité d’une femme ! il n’obtiendra que le mépris, et il le mérite en effet. La vérité ! celui-là la sait qui corrompt des femmes de chambre et qui se glisse à leur chevet