Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/276

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— Oui, je l’espère.

— Vous l’espérez ! voilà ce que je vous prie de vous demander sincèrement. C’est la dernière fois sans doute que vous en aurez l’occasion devant moi. Vous me dites que vous m’aimez, et je le crois. Je vous soupçonne ; votre intention est-elle que je parte et que le temps vous justifie ?

— Et de quoi me soupçonnez-vous ?

— Je ne voulais pas vous le dire, car je vois que c’est inutile. Mais après tout, misère pour misère, à votre loisir ; j’aime autant celle-là. Vous me trompez ; vous en aimez un autre, voilà votre secret et le mien.

— Qui donc ? qui donc ? demanda-t-elle.

— Smith. »

Elle me posa sa main sur les lèvres et se détourna. Je n’en pus dire davantage ; nous restâmes tous deux pensifs, les yeux fixés à terre.