Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/279

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vous de cet adieu. Le temps ! et ta beauté, et ton amour, et le bonheur, où seront-ils allés ? Est-ce donc sans regret que tu me perds ainsi ? Ah ! sans doute, le jour où l’amant jaloux saura qu’il a été injuste, le jour où il verra les preuves, il comprendra quel cœur il a blessé, n’est-il pas vrai ? il pleurera sa honte ; il n’aura plus ni joie ni sommeil, il ne vivra que pour se souvenir qu’il eût pu vivre autrefois heureux. Mais, ce jour-là, sa maîtresse orgueilleuse pâlira peut-être de se voir vengée ; elle se dira : Si je l’avais fait plus tôt ! Et, croyez-moi, si elle a aimé, l’orgueil ne la consolera pas. »

J’avais voulu parler avec calme, mais je n’étais plus maître de moi ; à mon tour je marchais avec agitation. Il y a de certains regards qui sont de vrais coups d’épée ; ils se croisent comme le fer ; c’étaient de ceux-là que Brigitte et moi nous échangions en ce moment. Je la regardais comme un prisonnier