Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/280

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regarde la porte d’un cachot. Pour briser le sceau qu’elle avait sur les lèvres et pour la forcer à parler, j’aurais exposé ma vie et la sienne.

« Où allez-vous ? demanda-t-elle, que voulez-vous que je vous dise ?

— Ce que vous avez dans le cœur. N’êtes-vous pas assez cruelle de me le faire répéter ainsi ?

— Et vous, et vous, s’écria-t-elle, n’êtes-vous pas plus cruel cent fois ? Ah ! bien insensé, dites-vous, qui veut savoir la vérité ! folle, puis-je dire à mon tour, qui peut espérer qu’on la croie ! Vous voulez savoir mon secret, et mon secret, c’est que je vous aime. Folle que je suis ! vous en cherchez un autre. Cette pâleur qui me vient de vous, vous l’accusez, vous l’interrogez. Folle ! j’ai voulu souffrir en silence, vous consacrer ma résignation ; j’ai voulu vous cacher mes larmes ; vous les épiez comme des témoins d’un