Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/282

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n’aurez pas fait une lieue que vous regarderez en arrière. Partout, toujours, quoi que je fasse, l’injure, la colère. Ah ! cher enfant, si vous saviez quel froid mortel, quelle souffrance de voir ainsi la plus simple parole du cœur accueillie par le doute et le sarcasme ! Vous vous priverez par là du seul bonheur qu’il y ait au monde : aimer avec abandon. Vous tuerez dans le cœur de ceux qui vous aiment tout sentiment délicat et élevé ; vous en viendrez à ne plus croire qu’à ce qu’il y a de plus grossier ; il ne vous restera de l’amour que ce qui est visible et se touche du doigt. Vous êtes jeune, Octave, et vous avez encore une longue vie à parcourir ; vous aurez d’autres maîtresses. Oui, comme vous dites, l’orgueil est peu de chose, et ce n’est pas lui qui me consolera ; mais Dieu veuille qu’une larme de vous me paie un jour de celles que vous me faites répandre en ce moment. »