Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/283

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Elle se leva. « Faut-il donc le dire ? faut-il donc que vous le sachiez, que depuis six mois je ne me suis pas couchée un soir sans me répéter que tout était inutile et que vous ne guéririez jamais ; que je ne me suis pas levée un matin sans me dire qu’il fallait essayer encore ; que vous n’avez pas dit une parole que je ne sentisse que je devais vous quitter, et que vous ne m’avez pas fait une caresse que je ne sentisse que j’aimais mieux mourir ; que jour par jour, minute par minute, toujours entre la crainte et l’espoir, j’ai mille fois tenté de vaincre ou mon amour ou ma douleur ; que, dès que j’ouvrais mon cœur près de vous, vous jetiez un coup d’œil moqueur jusques au fond de mes entrailles, et que dès que je le fermais, il me semblait y sentir un trésor que vous seul pouviez dépenser ? Vous raconterai-je ces faiblesses, et tous ces mystères qui semblent puérils à ceux qui ne les respectent pas ? que,