Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/286

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que ces baisers qui vous ont desséchés vous ferment les paupières. Descends dans cette terre humide, pauvre corps vacillant qui ne te soutiens plus. Quand tu y seras, on le croira peut-être, si le doute croit à la mort. Ô triste spectre ! sur quelle rive veux-tu donc errer et gémir ? quel est ce feu qui te dévore ? Tu fais des projets de voyage, toi qui as un pied dans le tombeau ! Meurs ! Dieu t’en est témoin, tu as voulu aimer ! Ah ! quelles richesses, quelles puissances d’amour on a éveillées dans ton cœur ! Ah ! quel rêve on t’a laissé faire, et de quels poisons on t’a tuée ! Quel mal avais-tu fait pour que l’on mît en toi cette fièvre ardente qui te brûle ? quelle fureur l’anime donc, cette créature insensée qui te pousse du pied dans le cercueil, tandis que ses lèvres te parlent d’amour ? Que deviendras-tu donc, si tu vis encore ? N’est-il pas temps ? n’en est-ce pas assez ? Quelle preuve de ta douleur donneras-tu