Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/287

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pour qu’on y croie, quand toi, toi-même, pauvre preuve vivante, pauvre témoin, on ne te croit pas ? À quelle torture veux-tu te soumettre que tu n’aies pas déjà usée ? par quels tourments, quels sacrifices apaiseras-tu l’avide, l’insatiable amour ? Tu ne seras qu’un objet de risée ; tu chercheras en vain sur la terre une rue déserte où ceux qui passent ne te montrent pas au doigt. Tu perdras toute honte, et jusqu’à l’apparence de cette vertu fragile qui t’a été si chère ; et l’homme pour qui tu t’aviliras sera le premier à t’en punir. Il te reprochera de vivre pour lui seul, de braver le monde pour lui, et tandis que tes propres amis murmureront autour de toi, il cherchera dans leurs regards s’il n’aperçoit pas trop de pitié ; il t’accusera de le tromper si une main serre encore la tienne, et si, dans le désert de ta vie, tu trouves par hasard quelqu’un qui puisse te plaindre en passant. Ô Dieu ! te