Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/289

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jusqu’à un fauteuil où elle tomba la tête sur mon épaule. L’effort terrible qu’elle venait de faire en me parlant si amèrement, l’avait brisée. Au lieu d’une maîtresse outragée, je ne trouvai plus tout à coup en elle qu’un enfant plaintif et souffrant. Ses yeux se fermèrent ; je l’entourai de mes bras, et elle resta sans mouvement.

Lorsqu’elle reprit connaissance, elle se plaignit d’une extrême langueur et me pria d’une voix tendre de la laisser pour qu’elle se mît au lit. Elle pouvait à peine marcher ; je la portai jusqu’à l’alcôve et la posai doucement sur son lit. Il n’y avait en elle aucune marque de souffrance ; elle se reposait de sa douleur comme d’une fatigue, et ne semblait pas s’en souvenir. Sa nature faible et délicate cédait sans lutter, et, comme elle l’avait dit elle-même, j’avais été plus loin que sa force. Elle tenait ma main dans la sienne ; je l’embrassai ; nos lèvres encore amantes s’unirent