Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

semblait qu’une voix inconnue me répétait une vieille romance que depuis longtemps j’avais oubliée :

Altra volta gieri biele,
Blanch’e rossa com’un’fiore ;
Ma ora, no. Non son più biele,
Consumatis dal’amore.

C’était l’ancienne romance de ma première maîtresse, et ce patois mélancolique me semblait clair pour la première fois. Je le répétais comme si je n’eusse fait jusque-là que le conserver dans ma mémoire sans le comprendre. Pourquoi l’avais-je appris, et pourquoi m’en souvenais-je ? Elle était là, ma fleur fanée, prête à mourir, consumée par l’amour.

« Regarde-la, me dis-je en sanglotant ; regarde-là ! Pense à ceux qui se plaignent que leurs maîtresses ne les aiment pas ; la tienne t’aime, elle t’a appartenu ; et tu la perds, et n’as pas su l’aimer. »