Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/299

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Je parvins enfin à me calmer, et je sentis des larmes plus douces couler lentement sur mes joues. À la fureur que j’avais ressentie succédait l’attendrissement. Il me sembla qu’un cri plaintif déchirait les airs ; je me penchai sur le chevet, et je me mis à regarder Brigitte, comme si, pour la dernière fois, mon bon ange m’eût dit de graver dans mon âme l’empreinte de ses traits chéris.

Qu’elle était pâle ! Ses longues paupières, entourées d’un cercle bleuâtre, brillaient encore, humides de larmes ; sa taille, autrefois si légère, était courbée comme sous un fardeau ; sa joue, amaigrie et plombée, reposait dans sa main fluette, sur son bras faible et chancelant ; son front semblait porter l’empreinte de ce diadème d’épines sanglantes dont se couronne la résignation.

Je me souvins de la chaumière. Qu’elle était jeune, il y avait six mois ! qu’elle était gaie, libre, insouciante ! Qu’avais-je fait de tout cela ? Il me