Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/317

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de printemps, quand les oiseaux chantent dans la rosée ; quand elle deviendra rêveuse et qu’elle dira : « J’ai aimé… », qui sera là, à côté d’elle ? qui osera lui répondre qu’il faut aimer encore ? Ah ! alors je n’y serai plus ! Tu l’écouteras, infidèle ; tu te pencheras en rougissant, comme une rose qui va s’épanouir, et ta beauté et ta jeunesse te monteront au front. Tout en disant que ton cœur est fermé, tu en laisseras sortir cette fraîche auréole dont chaque rayon appelle un baiser. Qu’elles veulent bien qu’on les aime, celles qui disent qu’elles n’aiment plus ! Et quoi d’étonnant ? Tu es femme ; ce corps, cette gorge d’albâtre, tu sais ce qu’ils valent, on te l’a dit ; quand tu les caches sous ta robe, tu ne crois pas, comme les vierges, que tout le monde te ressemble, et tu sais le prix de ta pudeur. Comment la femme qui a été vantée peut-elle se résoudre à ne l’être plus ? se croit-elle vivante si elle reste à l’ombre, et s’il y a silence autour