Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/316

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amour me survit en elle, on l’en guérira comme d’un empoisonnement ; et elle-même, qui le premier jour dira peut-être qu’elle veut me suivre, se détournera dans un mois, pour ne pas voir de loin le saule pleureur qu’on aura planté sur ma tombe ! Comment en serait-il autrement ? Qui regrette-t-on quand on est si belle ? Elle voudrait mourir de chagrin que ce beau sein lui dirait qu’il veut vivre, et qu’un miroir le lui persuaderait ; et le jour où les larmes taries feront place au premier sourire, qui ne la félicitera pas, convalescente de sa douleur ? Lorsque après huit jours de silence elle commencera à souffrir qu’on prononce mon nom devant elle, puis qu’elle en parlera elle-même, en regardant languissamment, comme pour dire : « Consolez-moi » ; puis peu à peu qu’elle en sera venue, non plus à éviter mon souvenir, mais à n’en plus parler, et qu’elle ouvrira ses fenêtres, par les beaux matins