Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


J’avais trouvé un couteau sur la table, et je le tenais dans ma main.

« Peur, lâcheté, superstition ! qu’en savent-ils, ceux qui le disent ? C’est pour le peuple et les ignorants qu’on nous parle d’une autre vie ; mais qui y croit au fond du cœur ? Quel gardien de nos cimetières a vu un mort quitter son tombeau et aller frapper chez le prêtre ? C’est autrefois qu’on voyait des fantômes ; la police les interdit à nos villes civilisées, et il n’y crie plus du sein de la terre que des vivants enterrés à la hâte. Qui eût rendu la mort muette, si elle avait jamais parlé ? Est-ce parce que les processions n’ont plus le droit d’encombrer nos rues, que l’esprit céleste se laisse oublier ? Mourir, voilà la fin, le but. Dieu l’a posé, les hommes le discutent ; mais chacun porte écrit au front : « Fais ce que tu veux, tu mourras. » Qu’en dirait-on, si je tuais Brigitte ? ni elle ni moi n’en entendrions rien. Il y aurait demain dans un journal