Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/43

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au défi, peut-être pour avoir le droit de me chasser ; vous étiez lasse de ce triste amant qui souffrait sans se plaindre, et qui buvait avec résignation le calice amer de vos dédains ! vous saviez que, seul avec vous, à l’aspect de ces bois, en face de ces solitudes où mon amour a commencé, je ne pourrais garder le silence ! vous avez voulu être offensée ; eh bien ! madame, que je vous perde ! j’ai assez pleuré, j’ai assez souffert, j’ai assez refoulé dans mon cœur l’amour insensé qui me ronge ; vous avez eu assez de cruauté. »

Comme elle fit un mouvement pour sauter à bas de cheval, je la pris dans mes bras, et collai mes lèvres sur les siennes. Mais, au même instant je la vis pâlir, ses yeux se fermèrent, elle lâcha la bride qu’elle tenait, et glissa à terre.

« Dieu de bonté, m’écriai-je, elle m’aime ! » Elle m’avait rendu mon baiser.

Je mis pied à terre, et courus à elle. Elle