Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/44

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était étendue sur l’herbe. Je la soulevai, elle ouvrit les yeux ; une terreur subite la fit frissonner tout entière ; elle repoussa ma main avec force, fondit en larmes, et m’échappa.

J’étais resté au bord du chemin ; je la regardais, belle comme le jour, appuyée contre un arbre, ses longs cheveux tombant sur ses épaules, ses mains irritées et tremblantes, ses joues couvertes de rougeur, toutes brillantes de pourpre et de perles. « Ne m’approchez pas, criait-elle, ne faites pas un pas vers moi !

– Ô mon amour ! lui dis-je, ne craignez rien ; si je vous ai offensée tout à l’heure, vous pouvez m’en punir ; j’ai eu un moment de rage et de douleur ; traitez-moi comme vous voudrez ; vous pouvez partir maintenant, m’envoyer où il vous plaira : je sais que vous m’aimez, Brigitte, vous êtes plus en sûreté ici que tous les rois dans leurs palais. »

Madame Pierson, à ces paroles, fixa sur