Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/55

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de se fermer comme des voiles, afin qu’on ne voie pas le bonheur.

Mais vous, délices ! sourires languissants, premières caresses, tutoiement timide, premiers bégaiements de l’amante, vous qu’on peut voir, vous qui êtes à nous ! êtes-vous donc moins à Dieu que le reste, beaux chérubins qui planez dans l’alcôve, et qui ramenez à ce monde l’homme réveillé du songe divin ? Ah ! chers enfants de la volupté, comme votre mère vous aime ! C’est vous, causeries curieuses, qui soulevez les premiers mystères, touchers tremblants et chastes encore, regards déjà insatiables, qui commencez à tracer dans le cœur comme une ébauche craintive l’ineffaçable image de la beauté chérie ! Ô royaume ! ô conquête ! c’est vous qui faites les amants. Et toi, vrai diadème, toi, sérénité du bonheur ! premier regard reporté sur la vie, premier retour des heureux à tant d’objets indifférents qu’ils ne