Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/67

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de t’avoir adressé un reproche injuste sur un badinage innocent ; mais, si tu m’aimes, ne me mens jamais, fût-ce sur les moindres choses ; le mensonge me semble horrible et je ne puis le supporter. »

Elle se coucha ; il était trois heures du matin, et je lui dis que je voulais rester jusqu’à ce qu’elle fût endormie. Je la vis fermer ses beaux yeux, je l’entendis dans son premier sommeil murmurer tout en souriant, tandis que, penché au chevet, je lui donnais mon baiser d’adieu. Enfin, je sortis le cœur tranquille, me promettant de jouir de mon bonheur sans que désormais rien pût le troubler.

Mais le lendemain même, Brigitte me dit comme par hasard : « J’ai un gros livre où j’écris mes pensées, tout ce qui me passe par la tête, et je veux vous donner à lire ce que j’y ai écrit de vous dans les premiers jours que je vous ai vu. »