fermai aussitôt et le rejetai sur la table. Brigitte me regardait ; il n’y avait dans ses beaux yeux ni orgueil blessé ni colère ; il n’y avait qu’une tendre inquiétude, comme si j’eusse été malade. « Est-ce que vous croyez que j’ai des secrets ? demanda-t-elle en m’embrassant.
— Non, lui dis-je, je ne crois rien, sinon que tu es belle, et que je veux mourir en t’aimant. »
Rentré chez moi, comme j’étais en train de dîner, je demandai à Larive : « Qu’est-ce donc que cette madame Pierson ? »
Il se retourna tout étonné. « Tu es, lui dis-je, dans le pays depuis nombre d’années ; tu dois la connaître mieux que moi. Que dit-on d’elle ici ? qu’en pense-t-on dans le village ? quelle vie menait-elle avant que je la connusse ? quelles gens voyait-elle ?
— Ma foi ! monsieur, je ne lui ai vu faire que ce qu’elle fait tous les jours, c’est-à-dire se promener dans la vallée, jouer au piquet