Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/72

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me frappa ainsi tout à coup, il me sembla que je sentais en moi un nouvel être et une sorte d’inconnu ; ma raison se révoltait contre ce que j’éprouvais, et je n’osais me demander où tout cela allait me conduire.

Mais les souffrances que j’avais endurées, le souvenir des perfidies dont j’avais été le témoin, l’affreuse guérison que je m’étais imposée, les discours de mes amis, le monde corrompu que j’avais traversé, les tristes vérités que j’y avais vues, celles que, sans les connaître, j’avais comprises et devinées par une funeste intelligence, la débauche enfin, le mépris de l’amour, l’abus de tout, voilà ce que j’avais dans le cœur sans m’en douter encore, et au moment où je croyais renaître à l’espérance et à la vie, toutes ces furies engourdies me prenaient à la gorge et me criaient qu’elles étaient là.

Je me baissai et ouvris le livre, puis je le