Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/82

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personne ici que ce prêtre qui ne veut pas parler clairement, ou son oncle qui en dira moins encore. Ô mon Dieu ! qui me sauvera ? comment savoir la vérité ? »

Ainsi parlait la jalousie ; ainsi, oubliant tant de larmes et tout ce que j’avais souffert, j’en venais, au bout de deux jours, à m’inquiéter de ce que Brigitte m’avait cédé. Ainsi, comme tous ceux qui doutent, je mettais déjà de côté les sentiments et les pensées pour disputer avec les faits, m’attacher à la lettre morte, et disséquer ce que j’aimais.

Tout en m’enfonçant dans mes réflexions, je gagnais à pas lents la maison de Brigitte. Je trouvai la grille ouverte, et, comme je traversais la cour, je vis de la lumière dans la cuisine. Je pensai à questionner la servante. Je tournai donc de ce côté, et maniant dans ma poche quelques pièces d’argent, je m’avançai vers le seuil.

Une impression d’horreur m’arrêta court.