Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/85

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disais-je, bien dangereuse si elle sait tromper ; mais je la rouerai et lui tiendrai tête, et elle saura qui je suis. »

« Ma chère, lui dis-je après un long silence, je viens de donner un conseil à un ami qui m’a consulté. C’est un jeune homme assez simple ; il m’écrit qu’il a découvert qu’une femme, qui vient de se donner à lui, a en même temps un autre amant. Il m’a demandé ce qu’il devait faire.

— Que lui avez-vous répondu ?

— Deux questions : Est-elle jolie, et l’aimez-vous ? Si vous l’aimez, oubliez-la ; si elle est jolie et que vous ne l’aimiez pas, gardez-la pour votre plaisir : il sera toujours temps de la quitter si vous n’avez affaire qu’à sa beauté, et autant vaut celle-là qu’une autre. »

En m’entendant parler ainsi, Brigitte lâcha l’enfant qu’elle tenait ; elle fut s’asseoir au fond de la chambre. Nous étions sans lumière ; la lune, qui éclairait la place que