Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. II, 1836.djvu/86

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Brigitte venait de quitter, projetait une ombre profonde sur le sofa où elle était assise. Les mots que j’avais prononcés portaient un sens si dur, si cruel, que j’en étais navré moi-même et que mon cœur s’emplissait d’amertume. L’enfant inquiet appelait Brigitte et s’attristait en nous regardant. Ses cris joyeux, son petit bavardage cessèrent peu à peu ; il s’endormit sur la bergère. Ainsi, tous trois, nous demeurâmes en silence, et un nuage passa sur la lune.

Une servante entra qui vint chercher l’enfant ; on apporta de la lumière. Je me levai et Brigitte en même temps ; mais elle porta les deux mains sur son cœur, et tomba à terre au pied de son lit.

Je courus à elle épouvanté ; elle n’avait pas perdu connaissance et me pria de n’appeler personne. Elle me dit qu’elle était sujette à de violentes palpitations qui la tourmentaient depuis sa jeunesse et la prenaient