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INGRES VU PAR UN PEINTRE

��Ingres est la plus grande mys- tification du moment. (Revue critique du Salon de 1824.)

��On assure que M. Millerand, visitant l'exposition Ingres, pria un « ingrisant » célèbre de lui démontrer le rapport que Ton dit exister entre la peinture cubiste et celle du Maître de Montauban. Le critique ainsi sollicité se récusa, pour le plus grand désappointement du chef de l'Etat. Je ne pousserai pas l'impertinence jusqu'à me substituer à ce cicérone pris au dépourvu, mais je ne crois pas faire preuve d'une trop grande vanité en pensant que les réflexions d'un technicien peuvent éclairer une partie du débat. Ces réflexions, je les amorçai l'hiver dernier, dans une confé- rence que je fis en Hollande. Ayant à expliquer la genèse de l'esprit nouveau, c'est tout naturellement que je remon- ■ tai jusqu'à Ingres, dont l'œuvre, pour qui veut bien ouvrir les yeux, est la plus passionnée et la plus ingénieuse des innovations picturales du siècle dernier.

C'est devenu une coutume d'évoquer Raphaël à propos d'Ingres. La comparaison pour qui ne jette qu'un regard distrait sur l'œuvre de ces peintres, paraît s'imposer ; elle est facilitée par les propos du Maître de Montauban qui ne perdait aucune occasion de se réclamer du grand Italien. La ressemblance entre les deux œuvres paraît flagrante à l'analyse superficielle, mais elle ne résiste pas à un examen approfondi. Raphaël et Ingres, unis dans le même idéal

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