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NOTES 345

seurs de Niefische ne seraient plus ici de mise. M. Andler se trouve en plein dans le sujet qui lui permet de déployer ses qualités d'érudit et de psychologue. Nietzsche y est suivi pas à pas, moins dans sa vie matérielle que dans cette vie intellectuelle qui est devenue de si bonne heure le tout du philosophe, et qui a eu, à un degré si intense, ses tragédies et ses orages. L'atmosphère, la préparation, la rédaction de la Naissaticc de la Tragédie sont étudiés de façon à ne laisser aucun problème dans l'ombre, et à nous faire voir dans l'ampleur même des ques- tions qui se posent à son sujet tout un fond qui l'idéalise et l'élargit. Si le problème de la tragédie grecque a hanté Nietz- sche avec une si vivante intensité, c'est d'abord qu'il se sentait destiné à vivre tragiquement, que le problème de la vie tragique s'imposait puissamment à lui, et qu'avant de résoudre en phi- losophe la question de la tragédie de l'homme, il a d'abord voulu résoudre en philologue le problème de la tragédie grec- que. Les deux problèmes sont aspirés parle même mouvement, le même orage, et n'en font en réalité qu'un : il était dès lors naturel que cette idée de la tragédie allât s'alimenter, s'éclairer, se brûler au foyer wagnérien. Durant toute cette période, Wagner et Nietzsche ne sauraient être séparés. Ils ont vécu sur le même plan. Ils se sont trouvés en face du sphinx de la tragé- die, lui ont fait deux réponses différentes, l'un recréant la tragédie, l'autre vivant la tragédie. Aussi n'est-il pas de biographie plus at- tirante que celle de Nietzsche, si vide d'éléments extérieurs, si pleine intérieurement. Une esquisse rapide ne suffisait pas. Il y fallait patience et longueur de temps, telles que M. Andler les a mises en œuvre. Aucun philosophe n'aura été chez nous si roya- lement traité, aucun ne le méritait mieux.

ALBERT THIBAUDET LA POÉSIE

��JEAN PELLERIN.

. On le savait très malade, depuis plusieurs mois ; on espérait pourtant, sachant qu'il était enfin résolu à prendre tous les soins et tout le repos nécessaires. La nouvelle de sa mort est

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