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NOTES 347

m'écrivit au sujet de ce poème, en réponse aux remarques que j'avais rédigées, sur sa demande, après lecture de la première version, et auxquelles il voulait bien attacher quelque prix. Il me savait gré surtout d'avoir discerné l'accent profond et pitoyable de ses vers dont il lui était pénible d'entendre louer uniquement la virtuosité fantaisiste. Il portait jusque dans le c alembour un goût et un sens de la mesure qu'il ne devait qu'à lui, et non à la syntaxe. Il savait parler des objets modernes avec simplicité, du métro ou de la tour Eiffel posément et sans se croire obligé d'entrer en transe :

Silence, les dernières rames Impatientes aux arrêts Vont porter les dernicres dames Au terminus de Champerret .

Non content de nommer un moteur ou d'éructer quelque onomatopée futuriste, il sait décrire, exprimer :

La craintive soupape

Elève im murmure hrisé.

Ses sœurs chantent avec ensemble,

Mais elle doute, appelle, tremble

Sur un cylindre avalisé.

Et quelle délicieuse musique se lève d'entre ces syllabes agen- cées avec un art infini et discret :

C'était une nuit de novembre Que mon amertume évoquait Le grand Jeu mêlait dans la chambre Sa résine âpre à ton bouquet...

Tout le poème chatoyant et pailleté ménage, de proche en pro- che, comme de petits bosquets de verdure sombre oii la romance devient la voix mystérieuse des sources :

Tes cheveux tordent une flamme Tes genoux ouvrent une femme.

Avec des jaillissements de fraîche émotion . Pauvreté, chaste sœur de l'homme.

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