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CÉSAIRE • ■ 599

Lazare. -- Doucement... Ne fais pas de bruit... Il va se retourner !...

(Il court à la porte. On voit à sou anxiété qu’il ne perd pas de vue Us deux hommes. Brusquement il s’écarte. On comprend que c’est jait et qu’il ne veut pas en voir davantage... Quelques secondes plus tard., Benoît reparaît^ tenant toujours son arme. Il referme la porte avec hâte, sans regarder derrière lui, puis jette le bloc de fonte à terre. Long silence.)

Lazare. — Tu peux te vanter d’être brave !... Assommer par derrière un homme qui ne t’entend pas venir...

Benoit, grelottant. — On va le jeter à l’eau.

Lazare. — Attends du moins qu’il soit froid... Oh ! et puis ça te regarde... Ce n’est pas moi qu’il gênait... C’est toi que tu as voulu délivrer... Je pense que maintenant tu as de nouveau ta tête...

Benoit. — Ah ! oui, je vais être de nouveau comme avant... je vais respirer... je vais penser à Rose-Marie, comme il me plaira... Il ne sera plus là pour mentir... pour dire qu’elle était à lui... car ce n’était pas vrai... {Im- plorant une approbation) Ce n’est pas vrai ! . . .

Lazare. — Est-ce que je sais, moi ? Je ne l’ai pas connue...

Benoit. -— Ne dis pas ça l Ne parle pas comme lui, maintenant !... Je te demande de m’aider... de m’aider à me retrouver... Tu te rappelles bien jadis que je te parlais d’elle...

Lazare. — C’est peut-être toi qui mentais...

Benoit. — Et c’est toi maintenant qui voudrais me faire perdre la tête... Mais tu n’y parviendras pas... Je saurai remettre mes idées bout à bout... je vais me rappeler... je vais retrouver... je vais fermer les 3’eux... et je la reverrai... la forme de sa tête... sa bouche... je la reverrai peu à peu... Je ne resterai pas ainsi dans un nuage... Je n’ai pourtant pas bu... comprends-tu cela ?... Mais dis-moi quelque chose !... Quand tu penses aux gens de chez toi, tu les vois qyi

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