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de guerre par prétextes historiques elles étaient dans l’erreur ; se cherchant des raisons de paiement par preuves de justice, elles sont encore dans l’erreur ; non dans l’erreur spirituelle, mais dans l’erreur matérielle. Il faut qu’elles raisonnent sur la simple idée de profit commun. L’Allemagne doit réparer la ruine de la France qui doit aider l’Allemagne à redevenir riche. Cela ne sauverait pas encore leur fortune si d’autres nations étaient autour d’elles en misère : Russie, Autriche.

Jamais la fatalité de l’association n’a tellement démenti l’idée de lutte. Car il y a une fatalité plus qu’une idée de l’association. Tandis qu’il y a une idée et une pratique de la lutte. Toutes les vieilles habitudes de penser collectivement agissent contre l’intérêt commun des nations accoutumées séculairement à se haïr et y ayant des causes glorifiées. Il faudrait une négation de l’Histoire par raison d’intérêt général. Ce n’est pas une possibilité que les hommes enseignent mais qu’ils réprouvent.

L’humanité n’est pas arrivée par la philosophie et la morale à bien définir la solidarité universelle. Elle la prouve par le négoce. Le commerce impose ce qu’aucune religion n’a pu suffisamment enseigner et pratiquer : la démonstration de l’idiotie de la guerre. La réprobation contre le mercanti est une des vieilles erreurs dues à l’esprit de noblesse et au goût de la fainéantise.

Parmi les nombreuses manières de classer les hommes, il en est une fort importante qui est de distinguer les fabricants des trafiquants. Les fabricants agissent sur la matière, y incorporent la valeur du travail. Les trafiquants la chargent de leur bénéfice ; ils agissent sur les hommes et en tirent profit. Un fabricant isolé dans une île y peut prospérer par la force de son travail sur les choses brutes : le bois, la pierre, la terre. Un trafiquant ne peut rien faire seul. Il faut des hommes autour de lui, des fabricants qui créent