Page:NRF 1909 2.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 209

trie. Puis la couleur s'assombrit. Le bleu de prusse, le noir, les ocres et les terres remplacent peu à peu les gammes impres- sionnistes. L' " Eve ", dont le dessin d'ailleurs est si curieux, appartient à la première période de ces recherches de tons sévères et d'harmonies voulues. Les grands panneaux décora- tifs, les plus récents, sont d'un dessin plus lâché, moins satis- faisant, mais la couleur en est plus brillante : c'est là qu'on peut voir l'application des théories les plus récentes de Sérusier, — celles qu'il enseigne à l'Académie Ranson, — sur l'heureux conflit des couleurs chaudes et des couleurs froides, avec l'emploi des deux palettes et du cercle chromatique à base de gris. La réussite de ces dernières méthodes apparaît davantage dans plusieurs natures mortes, et dans des esquisses comme la " Transfiguration, " où le sentiment religieux est remarquablement servi par la sévérité du procédé.

��#

  • #

��LE GYNECEE, dessins inédits de Rouveyre. Recueil précédé d'une glose par Remy de Gourmont.

" Soixante-seize attitudes, soixante-seize corps féminins violés dans leur intimité par l'œil impitoyable de M. Rouveyre. " — Il y en a même soixante-dix-huit ! car deux de ces planches portent double sujet.

Le dessin de M. Rouveyre ne manque ni de force parfois, ni de grâce, ni surtout de férocité — une sorte de férocité très artiste qui consiste à accuser toujours le caractère, fût-ce aux dépens de la véracité, à ne consentir plus, dans l'expres- sion de l'attitude ou du visage, qu'à ce qu'il a de plus spécial, considérant comme inutile, inartistique par conséquent, tout ce qu'il garde de commun avec la plus banale humanité ■ — j'allais dire : tout ce qu'il garde de simplement humain.

Nul doute que M. Rouveyre n'arrive ainsi, souvent, à des accusations d'une intensité puissante. La suite des " Mécislas Golberg sur son lit d'agonie " qu'il vient d'exposer à la galerie Druet, sont d'une inoubliable âpreté. Si la suite qu'il nous

�� �