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SUR LA TERRASSE DE LECTOURE

ta ville natale t’aura nourri dès l’enfance. N’oublie pas un seul jour qu’ici, comme d’ailleurs chacun de tes frères sur l’enclave bénie de terre française qui l’a vu naître, tu es implanté au cœur même de la France. Entre en contact quotidien avec les forces vives qui ont édifié ta patrie, et qui l’ont amenée au point d’harmonie où tu te perçois en elle comme un accord perdu et pourtant conscient. Répète-toi tous les jours que c’est à toi qu’aboutit cet effort, et rends-lui son bienfait en profondeur et en amour. Cette incessante fréquentation, ce constant assouplissement de toi-même te tiendront en sagesse et en paix dans un sage et vertueux milieu où tu rendras une acception juste et pleine à tous les objets que la médiocre agitation des hommes détourne aujourd’hui de leur vrai sens. Je n’ose pas donner le nom de Politique, le plus beau qui puisse agiter des lèvres humaines, à ce qui n’est que vanité, mensonge et confusion des langues. Si tu t’y appliques cependant, apprends de ta ville que rien n’est que suite, coordination et dépendance, art enfin, et que ce sont là des vertus préétablies à toute construction durable. Si l’art, à son tour, te requiert, qu’il ne te soit représenté ni par cette froide rhétorique, ni par ce sensualisme de l’esprit, également funestes à toute transmission vitale, et qui traînent leur fin avec soi. Qu’il soit au contraire l’exercice sensible de ta raison, l’appropriation logique de ta pensée aux